Au service de qui ?

au service de quoi ?

« In the end, all that will matter is who you became. And how many you helped. »

« Au final, la seule chose importante est celui/celle que vous êtes devenu-e.

Et d’avoir pu aider celles et ceux qui en avaient besoin. »

Robin Sharma (trad. JP Rey)

Ces questions m’accompagnent au quotidien depuis de nombreuses années, sur les plans principaux de ma Vie. Elles m’aident à faire face aux nombreux choix qui jalonnent ma route et à prendre les nombreuses décisions qui se présentent à moi. Dans une intention de coopération avec mes différents entourages.

Les réponses à ces questions peuvent être instantanées ou nécessiter plus de temps. Je vais illustrer l’usage de ces questions sur 3 exemples personnels vécus cette semaine ; trois exemples où le temps nécessaire à y répondre a été de quelques secondes, quelques heures ou quelques semaines. Puis, je reviendrai sur les questions et terminerai le billet en mentionnant comment je m’assure que les réponses soient les plus adaptées possibles. Pour l’ensemble.

La réponse instantanée

Vendredi dernier, dans le cadre d’une conférence, j’animais un workshop dont la thématique était assez large : « les valeurs du management agile ». Pour être pleinement confortable, j’aurais pu préparer un atelier sous une forme habituelle, avec une partie présentation de concepts puis une expérimentation de quelques outils. Comme je ne connaissais ni le nombre de participant-e-s, ni leurs profils, ni leurs attentes, ni leurs besoins, j’ai plutôt choisi de m’exposer en facilitant un brainstorming avec toutes ces personnes pour qu’un apprentissage collectif, lié aux partages des expériences/questionnements des participant-e-s, puisse se réaliser. J’avais tout de même préparé des éléments sur deux pistes possibles de ce thème pour éventuellement « retomber sur mes pattes » dans la conduite de cet atelier. Suite à un premier tour de table, dans lequel je récoltais les besoins et attentes des participant-e-s, j’ai vécu un fort moment de solitude : ce qui ressortait de la part des participant-e-s était fort éloigné de tout ce que j’avais préparé ; et, en quelques secondes, je devais imaginer comment animer les 75’ restantes de cet atelier, avec cette trentaine de personnes présentes. Dans ces quelques secondes, où j’ai dû rapidement faire abstraction de ma « trouille », j’ai pu rapidement me reposer sur mon intention de servir (« au service de qui ») et me laisser guider par mon intuition…qui m’a suggéré une route nouvelle que j’ai pu emprunter pour mener à bien cet atelier, en fonction des besoins et attentes exprimés par les participant-e-s. Au final, en servant l’ensemble.

La réponse assez rapide

Mercredi dernier, lors d’un forum réunissant plus de 500 étudiants de dernière année de Bachelor, une plage horaire m’était réservée pour que je leur présente le master que je dirige. Mon temps était relativement limité et, dans cette intention de servir le plus grand nombre, il m’a fallu quelques heures pour choisir de ne pas leur présenter longuement le contenu de cette formation. Mais de, plutôt, leur présenter une bonne palette de possibilités qui s’offrent à eux : y-compris celle de ne pas continuer leurs études. Les invitant à ne venir étudier « chez moi » que si ils/elles en avaient réellement envie et/ou besoin. Plutôt que de croire, sans le mettre en doute, ce qu’une forme de « diktat de réussite » semble leur imposer. Je leur ai aussi présenté des offres « concurrentes » à la mienne. Certain que cette authenticité à vouloir les aider au-delà de mon rôle me reviendra sous une forme ou sous une autre. Servir l’ensemble, au-delà de mes propres intérêts.

La réponse longue

Le dernier exemple choisi concerne une décision difficile, prise cette semaine. Dans un contexte dans lequel je me suis engagé corps et âme pendant des années, j’ai pris conscience que les personnes impliquées dans cette situation ne voulaient plus de l’énergie coopérante que j’avais mise pour que l’ensemble grandisse. Que peut-être même, elles ne l’avaient jamais réellement voulu mais qu’elles étaient bien contentes que je l’amène. Et qu’elles n’en perçoivent plus le désir, l’intérêt et/ou l’utilité maintenant. Après avoir laissé la tristesse, la déception, la désillusion  me traverser, j’ai pu prendre conscience que si je poursuivais dans cette voie, je n’allais plus nourrir le développement de l’ensemble. Et que, pour ce faire, il était judicieux tant pour moi que pour les membres de ce contexte, que je me retire de ce rôle de coordinateur coopérant. Qu’il était certainement plus judicieux que j’aille donner mon meilleur ailleurs (même si, sur le moment, ça fait très mal de lâcher une construction de longue date). Que, peut-être, l’ensemble se portera mieux sans mon énergie (ça écorche bien l’ego J). Servir l’ensemble, et aller servir d’ « autres ensembles », au-delà de soi ?

Peut-être que ces illustrations vous permettent d’accéder plus aisément, et sans forcément nécessiter de longues introspections, au pouvoir simple mais puissant de ces questions :

Pour moi, le meilleur indicateur que la réponse apportée est la plus utile à l’ensemble est de pouvoir sentir que je nourris à la fois la bienveillance face à moi (que je ne laisse pas mon énergie être mangée par des émotions désagréables) et à la fois cette intention de bienveillance vis-à-vis des personnes concernées par mon action (même si je suis humain et que je n’y parviens évidemment pas toujours…). Une autre indication qui m’indique que j’évolue dans cette dynamique est de constater que les réponses que j’amène sont diverses et variées et que je ne reste pas toujours dans le même registre, répétant indéfiniment le même type de comportement et d’attitudes.

Utile pour vous ? Inspirant ?

Si vous avez besoin d’ancrer votre réflexion, je vous invite à voir et écouter pleinement cette création faite cet été : https://vimeo.com/175490017  (Dans les mains de la terre) !

Belle semaine !

Jean-Pierre Rey, le 27 novembre 2016

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